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Compte-rendu de la cérémonie de remise de la médaille des Justes au Pasteur Pierre Gagnier et son épouse Hélène

18 janvier 2012

Témoignage de Michel Picard (lu par Thomas - Arrière petit fils de Pierre et Hélène Gagnier)

Ecouter le discours

Ma sœur avait neuf ans. J'en avais douze. J'étais éclaireur. Après un mystérieux conciliabule entre mon chef de troupe et nos parents, ceux-ci nous avaient dit : "S'il arrive quelque chose, allez le voir immédiatement".

Recommandation abstraite quoique solennelle, à la quelle nous ne prêtâmes qu'une attention obéissante jusqu'au 1er février 1943.

Je rentrais du collège lorsque ma petite sœur, arrivée la première à la maison, courut vers moi en pleurs et me cria, tout essoufflée : "Il faut aller chez ton chef !". Des scellés étaient apposés sur la porte de l'appartement vide.

Monsieur Charpentier (dont nous ignorions qu'il faisait partie de la resistence – il allait être blessé à la libération) nous mena aussitôt chez le pasteur Gagnier. De notre passage boulevard Dubouchage, je ne me souviens hélas que de la gentillesse avec laquelle nos fûmes reçus, et d'avoir dormi sur le tapis de la salle à manger.

Dès le lendemain, le pasteur nous trouva une famille d'accueil, les familles Long et Durand, qui nous hébergèrent trois ou quartes semaines.

Puis grâce aux Durand, qui avaient de la famille paysanne, nous avons été recueillis dans un petit village du Dauphiné par les Laurencin et les Bouviers. Nous sommes restés chez eux un an et demi (jusqu'à ce que la sœur de notre père, qui avait rejoint le Général de Gaulle à Londres, pût s'occuper de nous).

Vous me permettez donc d'associer en ce jour au pasteur Gagnier toutes les personnes qui composèrent avec lui cette admirable chaîne de solidarité : Monsieur Charpentier, les familles Long et Durand, et surtout nos tontons et tatas du village d'Eydoche, les Laurencin et les Bouviers.

Toutefois son rôle fut capital, décisif. Aurions survécu, ma sœur et moi s'il n'avait pas été là ?

Aussi je me réjouis profondément de l'honneur qui lui est rendu aujourd'hui et, plein de la plus sincère reconnaissance, me joins à vous tous pour cette cérémonie.

Michel Picard

 

Lettre de Soeur Paula (Soeur de Michel Picard)

Je viens de recevoir l'invitation pour la remise de la Médaille au Pasteur Gagnier et me joindrais à vous par la pensée et la prière. Mon frère vous rejoint lui, il me l'a dit au téléphone, par le texte qu'il vous a remis comme témoignage et par la pensée aussi.

Je garde une très grande reconnaissance envers votre père, Monsieur Gagnier, et rien que votre nom me touche au cœur car je n'oublierai jamais son accueil et comment grâce à lui nous avons été reçus et cachés par les familles d'accueil, et sauvés ainsi de l'arrestation et de la déportation.

Croyez à toute ma proximité de cœur et mon union de prière.

Sœur Paula

 

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