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Moussa Abadi

Ouvrir une image agrandieMoussa Abadi naît le 17 septembre 1910 à Damas en Syrie (sous mandat français) dans l'un des plus vieux ghettos du monde, de Nassim Abadi et de Farida Katran. Il perd sa mère à l’âge de 12 ans une semaine avant l’examen du certificat d’étude, qu’il réussit malgré tout. Il est élevé par ses grands-parents maternels dans un environnement très religieux.

Il fait des études à l’Alliance Israélite, jusqu’en troisième, puis chez les Lazaristes où il présente son baccalauréat bilingue qui lui permet d’enseigner le français dans une école musulmane. Parallèlement, il réussit un concours pour l’obtention d’une bourse afin d’intégrer l’École des Chartes à Paris mais cette formation lui est refusée par le ministère syrien de l’Éducation parce qu’il est juif. Il opte alors pour la Sorbonne et reçoit une bourse d’étude.

Il arrive à Paris en décembre 1929 sur le Lamartine. Bien qu’arrivé en milieu d’année scolaire, il réussit le concours en six mois au lieu des deux années de préparation prévues Il séjourne 18 mois à Paris pendant lesquels, outre ses études, il découvre l’art théâtral. En tant que boursier, Moussa doit contractuellement plusieurs années d’enseignement à la Syrie. Il doit repartir à Damas.

En février 1933, Moussa  revient en France sur le Champollion. Il a de nouveau une bourse et reprend ses cours à la Sorbonne. En juin 1933, il obtient une licence ès Lettres et un certificat de Psychologie infantile.

Passionné par la politique, il refuse de n’être qu’un témoin. Il rencontre Bernard Lecache et adhère à la LICA (Ligue Internationale contre l’Antisémitisme).

Il suit à la Sorbonne les cours d’un célèbre médiéviste : Gustave Cohen. Pour illustrer les fabliaux du Moyen Age, Gustave Cohen propose à ses étudiants de créer la première troupe théâtrale de la Sorbonne. Le 5 mai 1933, Moussa y joue "Le Miracle de Théophile" de Ruteboeuf avec Marcel Schneider, Jacques Chaillet et pour metteur en scène Chancerel. Les « Théophiliens » sont nés.

Moussa commence une thèse sur laquelle il travaille pendant quatre ans et demi et dont le thème est l’origine du conte et du fabliau au Moyen-Age, sous la direction de Gustave Cohen.

En 1936, sa bourse est supprimée parce qu’il est juif. Gustave Cohen, son « maître », lui trouve des leçons particulières parce qu’il n’a plus de revenus. Moussa travaille sur Ronsard et est payé par Gallimard.

En septembre 1939 : La France déclare la guerre à l’Allemagne.

En décembre1939, Moussa fait la connaissance d’Odette Rosenstock jeune femme médecin, chez une de leur amie commune, Olga. C’est aussi à cette époque que Moussa publie un article contre le fascisme sous le nom de Marcel Samade.

Le 8 juin 1940, Moussa part en vélo à Montargis voir Odette qui occupe les fonctions d’inspecteur médical. Il continue son voyage et arrive à Vichy le 14 juillet 1940 ; il rencontre le représentant des Etats du Levant au Ministère des Affaires Etrangères qui lui propose de rentrer en Syrie. Il refuse et poursuit son voyage vers Marseille puis Nice en zone libre. Il retrouve Gustave Cohen à Nice et met en scène plusieurs conférences que donne celui-ci sur les fabliaux médiévaux. C’est au cours d’une de ces représentations que Gustave Cohen présente Moussa à Monseigneur Rémond.

En novembre 1942, Odette rejoint Moussa à Nice. Tous deux fréquentent un centre communautaire, boulevard Dubouchage, où un comité juif tente d’aider les nombreux réfugiés juifs.

Deux évènements sont à l’origine du réseau Marcel qu’Odette et Moussa vont créer :

Au premier trimestre 1943, un jésuite, ami de Moussa, lui propose de rencontrer le père Penitenti, aumônier des troupes italiennes sur le front de l’Est, de passage à Nice. Don Julio Penitenti décrit à Moussa les pogroms et les persécutions des nazis dans l’Europe de l’Est. Moussa ne veut pas le croire, Don Penitenti sort son crucifix, le pose sur sa main et jure devant le Christ que ce qu’il raconte est vrai. Moussa court chez Odette et tous les deux décident de résister en sauvant les plus fragiles : les enfants.

C’est la naissance du Réseau Marcel qui sauva 527 enfants.

En août 1944, la Côte d’Azur est libérée. Moussa s’installe dans les locaux du commissariat aux questions juives. Les parents survivants viennent chercher leur(s) enfant(s). Ceux restés seuls sont confiés à l’O.S.E. (Œuvre de Secours aux Enfants), institution qui dispose de structures permettant leur accueil. Moussa crée un service social qu’il transforme par la suite en dispensaire, lequel est transféré au 31 avenue de la Victoire.

Odette, de retour de déportation en juin 1945 rejoint Moussa à Nice et œuvre par la suite en tant que médecin du dispensaire. Ils le quitteront au début de l’année 1948.

Le 3 novembre 1959, Moussa épouse Odette à la mairie du 12e arrondissement de Paris.

Moussa décède le lundi 15 septembre 1997 à l’âge de 87 ans. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse.

 

Moussa et le théatre

En 1933, Moussa Abadi suit à la Sorbonne les cours d’un célèbre médiéviste : Gustave Cohen. Pour illustrer les fabliaux du Moyen Age, Gustave Cohen propose à ses étudiants de créer la première troupe théâtrale de la Sorbonne. Le 5 mai 1933, Moussa y joue "Le Miracle de Théophile" de Ruteboeuf avec Marcel Schneider, Jacques Chaillet et pour metteur en scène Chancerel. Les « Théophiliens » sont nés.

En 1937, avec les Théophiliens, il joue « Le Vrai Mystère de la Passion » sur le parvis de Notre Dame de Paris devant le président Albert Lebrun.

Cette même année, Moussa rencontre Copeau, Barsacq, Dasté et Svetlana Pitoeff et est engagé comme comédien dans la troupe de Barsacq au théâtre des "Quatre Saisons". La troupe se produit au théâtre des Champs Elysées dans le "Roi Cerf" de Carlo Gozzi", ainsi que dans le cadre de l’Exposition Internationale de Paris. D’octobre 1937 à février 1938, la Troupe des Quatre Saisons est engagée par le French Theater of New York grâce à l’intervention de Miss Robinson, une riche mécène américaine. Celle-ci organise avec le Quai d’Orsay une tournée de cinq mois avec huit pièces dont Le Roi Cerf et Knock. Jouvet fait travailler Moussa pour le rôle de Knock.

Le 13 juin 1938, Moussa rentre à Paris et à l’automne, il quitte les Quatre Saisons. L’aventure de la coopérative théâtrale se termine.

Après la guerre, il renoue avec sa passion du théâtre et anime à Radio France Internationale une émission intitulée "Images et visages du théâtre d’aujourd’hui". De 1959 à 1980, il réalise plus de mille entretiens radiophoniques avec des auteurs, des comédiens, des metteurs en scène, de jeunes talents inconnus du public (certains le deviendront), toujours au service de son interlocuteur, de la culture, du théâtre et de la langue française. De 1977 à 1981, il occupe le poste de président de la commission d’aide à la création dramatique, il est également membre de la commission d’aide aux jeunes compagnies.

Liste des disques | Liste des personnalités

Sa passion des lettres le conduit à l’Écriture. Il publie chez Julliard en 1985 la "Comédie du théâtre", en 1993, "La Reine et le Calligraphe" chez Christian de Bartillat. "La Reine et le Calligraphe" réçoit le grand prix de la nouvelle de l'Académie Française et sera traduit en hébreux. En 1999, parait Shimon le Parjure (œuvre posthume) aux Éditions Du Laquet.

Comédie du théâtre (extraits) | Théâtre en foire (extraits)

 

Bibliographie

La Reine et le caligraphe

Ouvrir une image agrandieEdition : Bartillat

"Voici les très riches heurs et malheurs d´une communauté juive d´Orient dont il ne reste aujourd´hui que l´illusion et la mémoire. Ce livre est une évocation des scènes à la fois drolatiques, sensibles, humoristiques, souvent dramatiques, que Moussa Abadi a lui-même vécues en Syrie avant de quitter, à 19 ans, le ghetto de tristesse et de contes. Avec un brio exceptionnel et une langue superbe, il nous restitue les images, les visages des ""créatures de Dieu"" comme le calligraphe, Rosa la bonne, le coiffeur et le savetier : tous personnages hauts en couleur qui ont marqué son enfance et savent nous faire sourire, rire et pleurer. En nous transmettant ainsi les traditions millénaires, l´auteur, né à Damas, qui fut pendant vingt ans critique dramatique à Radio-France sait ici nous donner l´illusion que le temps ne pourra jamais les engloutir."

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Shimon le parjure

Ouvrir une image agrandieEdition : Du Laquet Eds

Après " La Reine et le Calligraphe ", Moussa Abadi reprend ici le cours de ses récits pleins de chaleur humaine, de sensibilité et de cet humour souriant si personnel qui nous ont fait découvrir et aimer l'univers du ghetto de Damas.

Les histoires réunies dans ce recueil sont des histoires vraies passées au filtre de la mémoire. Mais c'est aussi et avant tout un livre de sagesse, de bonté et de plaisante ironie, écrit dans une langue superbe de simplicité et de clarté. Un livre de tendresse et d'amour.

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La comédie du théâtre

Edition : Julliard

Après un millier d'entretiens radiophoniques avec les auteurs, les acteurs, les metteurs en scène et les animateurs les plus prestigieux ou les plus représentatifs de l'Art dramatique de notre temps, Moussa Abadi nous raconte cette "ample comédie" telle qu'il l'a vue et vécue au cours de ses vingt-cinq années de fréquentation quasi quotidienne des salles de spectacles.

Nus doute que son livre, qui tient à la fois du reportage, de la satire et du pamphlet, fera grincer quelques dents... Mais que l'on ne s'y trompe pas : ce livre d'humeur est aussi et surtout un livre d'amour. C'est le cri de révolte d'un témoin vigilant qui nous dit tout haut ce que l'on murmure tout bas un peu partout, et qui en appelle au "juge suprême" : le public.

 

Dans la presse

ENFANTS EN DANGER... FANTOMES EN PÉRIL... Un entretien avec Moussa Abadi (Les Anciens de l'Alliance)

« L’Alliance israélite universelle ? Je lui dois tout. Sans elle, je ne serais pas ici et je n'aurais pas fait la carrière que j'ai faite ». L'homme qui parle ainsi est Moussa Abadi, figure mythique de la Résistance juive et homme de théâtre, acteur à succès avant la guerre, critique d'art dramatique à Radio France internationale de 1959 à 1981, puis président de la Commission d'aide à la création dramatique, membre de la Commission d'aide aux compagnies théâtrales, auteur d'innombrables pages sur le théâtre et d'un émouvant livre de souvenirs, La Reine er le calligraphe - Mes juifs de Damas, édité récemment chez Christian de Bartillat et couronné par le Prix de la Nouvelle de l'Académie Française. ...

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Commémoration du décès de Moussa (Les cahiers de la maison Jean Vilar, 1er trimestre 1998).

Plus qu'un membre du Conseil d'Administration de l'Association Jean Vilar, c'est surtout un ami qui disparaissait le 15 septembre dernier.

Un ami dont la vie se confond avec l'histoire du théâtre de ce demi-siecle que nous aimons évoquer. Il faudrait beaucoup plus que ce billet pour en rendre compte suffisamment. ...

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Distinctions