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La ComÉdie du ThÉâtre (extraits)

Un soir d’hiver où il gelait à pierre fendre, j’étais allé voir une pièce, au diable vert, dans petite salle enfouie au fond d’une cour défoncée, boueuse et verglacée. Un de ces "lieux" dont le nom ne dit rien à personne, et que la Critique honore rarement d’une visite.

A minuit passé, après avoir longuement applaudi, avec une demi-douzaine de spectateurs du quartier, les dix comédiens de la troupe, je m’étais retrouvé, grelottant et dégoulinant de neige fondue, sur un bout de trottoir, entre une poubelle et un matou de terrains vagues "qui cherchait aventure".

Mon royaume pour un taxi !

A peine avais-je poussé ce cri qu’un taxi  en  maraude s’arrêta, devant le trottoir d’en face. Je m’y précipitais. Le chauffeur était un vieux de la vieille. Bougon, râleur, revenu de tout.

_ Putain de mélasse, maugréait-il. J’en ai ma claque de ce bordel et de ce métier de con…

J’allumais une cigarette.

_ On ne fume pas dans mon bahut…

Je l’éteignis.

_ Une cibiche en moins, ça ne vous ferait pas de mal… Et si ce n’est pas indiscret, d’où sortez- vous à c’t’heure ?

_ D’un théâtre…

_ Faut être vachement vicieux pour aller au théâtre, par ce temps et dans ce bled pourri…

_ Faut surtout aimer ça …

_ Et ça vous arrive souvent de vous payer des virées chez les guignols ?

– Presque tous les soirs…

– C’est pas vrai !

_ Mais si…

_ Et vous vous soignez ?

_ Pourquoi voulez-vous que je me soigne ?

_ Parce que, mon pauvre Monsieur, j’en connais qui sont à Sainte-anne pour moins que ça…

 

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