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Rencontre à l'Ecole Primaire Romainville (Paris 19)

2 juin 2021

Connaissez-vous l’école primaire rue de Romainville à Paris 19e ? C’est une école comme on aimerait qu’elle ne soit pas l’exception mais la règle tant sa Directrice, Madame Gonzalez, appréhende son métier avec passion, ardeur et professionnalisme.

J’ai été sollicitée pour témoigner et c’est encore (oui, c’est la seconde fois) avec mes deux casquettes, LICRA et Enfant Abadi, que je me suis rendue dans cet établissement le 10 mai 2021, pour y évoquer Odette et Moussa Abadi. J’ai rencontré deux classes de CM2, celle de Madame Vanessa Lucas et celle de Monsieur Dimitri Schlesinger. J’étais accompagnée d’Hélène Bougniol, responsable de la Commission Education d’Ile de France et d’Audrey, également de la LICRA.

Ma casquette « d’Enfant Abadi » pour évoquer les Enfants cachés, sauvés grâce au courage de deux jeunes gens, Odette Rosenstock et Moussa Abadi, tous deux juifs ayant choisi de résister, au mépris des lois anti-juives qui les visaient à l’instar de tous les juifs. Malgré leur courage ils n’auraient jamais pu sauver ces 527 enfants qui eurent la chance de croiser leur route sans l'aide de Monseigneur Rémond et des Pasteurs Gagnier et Evrard. Monseigneur Rémond leur ouvrit les portes de tous les internats religieux du Diocèse et offrit un bureau à Moussa à l’Evêché. Les Pasteurs Gagnier et Evrard sollicitèrent les familles protestantes alors qu'Odette prospectait certains établissements publics, tels que le préventorium de Grasse où la Maison des enfants à Cannes. Les enfants en danger trouvèrent dans tous ces lieux des volontés pour les y cacher.

C’est cette histoire que je voulais narrer pour plonger dans le passé et faire vivre cette mémoire. Mémoire des faits, mémoire de héros restés anonymes (car ni les uns ni les autres n’ont rien raconté après la guerre), mémoire de la solidarité. Ne rien oublier, transmettre. Mais transmettre aussi les valeurs qui n’ont pas vieillies de fraternité, d’entre-aide., de laïcité et de lutte contre toute forme de discriminations, concepts ne se distinguant pas de nos interventions au nom de la LICRA.

J’ai été impressionnée par l’attention, la concentration et l’intérêt des élèves par rapport au Réseau Marcel.

L’après-midi s’est poursuivi dans cette volonté de transmission en évoquant la mémoire de sept élèves déportés de cette école. Leurs noms furent évoqués par d’autres enfants très émus lesquels, à tour de rôle, récitèrent des phrases d’écrivains : Paul Eluard, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Robert Desnos, Louis Aragon dans un texte de Missak Manouchian. Lorsque j’aurais ajouté Marianne Cohn, Simone Veil et Nelson Mandela, vous comprendrez que le message était la Résistance et l’Humanisme.

Un jeune garçon, trompette claire et émouvante, a introduit le Chant des Partisans, repris en chœur par l’ensemble des enfants sous la direction musicale du professeur de chants, Madame Catherine Lharbe.

Le Maire du 19e arrondissement, Monsieur François Dagnaud, les félicita et les encouragea à continuer leurs réflexions en se référant au texte de la plaque :

A la mémoire des élèves de cette école déportés de 42 à 44
Parce qu’ils étaient nés Juifs, victimes innocentes de la Barbarie Nazie
Avec la complicité active du gouvernement de Vichy
Ils furent exterminés dans les camps de la mort

Andrée Poch-Karsenti