Commémoration 2025 pour Odette et Moussa
6 octobre 2025
Nous étions un peu plus d'une dizaine ce dimanche 5 octobre 2025 pour maintenir le souvenir d'Odette et Moussa et celui de leur action. Nous avons certes été plus nombreux par le passé mais force est de constater que le cœur fidèle de notre association demeure. Nous avons une pensée pour ceux qui nous ont quitté et ils sont toujours présents également par notre souvenir.
Nous nous sommes réunis autour de la tombe d'Odette et Moussa, lieu qui nous semble inlassablement le plus approprié pour leur rendre cet hommage régulier. D'une même voix, Olivier Kuperminc et Norbert Wolgust ont dit ensemble le Kaddish, symbolisant ainsi le souvenir uni de leurs parents respectifs.
Emmanuel Gagnier a rappelé notre rôle de gardien de la mémoire et a exprimé le plaisir de voir de nouveaux participants à cette commémoration malgré l'effectif réduit. Il lance à ce titre l'idée que l'an prochain, chacun des participants habituels convie une nouvelle personne à ce rendez-vous. Paris tenu ?
Andrée Poch-Karsenti, à travers une allocution émouvante, a exprimé sa peine devant les douleurs actuelles de notre monde et la nécessité toujours plus avérée de notre action.
Comme chaque année nous nous retrouvons pour cette commémoration, non dans une Synagogue, mais ici, au cimetière, au plus près de la mort, au plus près de ceux dont nous voulons honorer la Mémoire.
L'Éthique, l'Honneur, la certitude de ne pas « …vouloir regarder passer la procession… » ont poussé ces deux jeunes gens, au péril de leurs vie à ne pas accepter l'innommable. Que feraient-ils aujourd'hui face à ces tourbillons de haine, de crimes, de destructions ? Quels Désespoirs ressentiraient-ils à l'instar de ceux qui nous habitent ? Eux ont eu la chance de l'action possible : quelles actions pouvons -nous mener face au chaos du Monde, devant ces dirigeants qui jouent aux dés avec les frontières, avec des vies méprisées ? Comment dire NON si ce n'est en continuant à évoquer tous ceux que nous connaissons et qui se sont élevés : Monseigneur Rémond, Pierre et Hélène Gagnier, Edmond et Ida Evrard et leurs deux fils Edmond et Louis, aide précieuse pour Odette et Moussa.
Continuons tant que chaque année nous pouvons nous réunir et nous souvenir.
« Parlons, crions, n'acceptons pas… ».
Face à la mise à mort d'une femme sur la Promenade des Anglais, Moussa apostropha Dieu… « pourquoi l'as-tu abandonnée ? ». Que se passe-t-il dans les cieux ? A nouveau Dieu abandonne le genre humain : Sodome et Gomorrhe condamnées ? Qui pour sauver l'Humanité ? Les guerres courent de pays en pays dans une tourmente mortifère : il y a un temps pour la guerre, un temps pour la Paix . Celle-ci s'est crue installée, indestructible, mais le temps de la guerre est revenu. Roch Hachana vient d'être fêté , kippour a succédé, le shofar a résonné dans les synagogues, interrogateur des consciences, alertant les peuples contre le danger.
J'ai mal à ma Judéité, j'ai mal à l'humain, « j'ai peur du jour qui se lève ... » Quand trempons-nous de façon heureuse la pomme dans le miel ? Nous sommes là, debout, ensemble, devant la pierre et le souvenir. Devant l'urgence de dire non. Devant l'exigence de ne pas oublier. Continuons à nous rassembler, à nous souvenir, à agir — même si c'est seulement par la parole, par le cri, par le refus obstiné de l'indifférence.
Dans notre souvenir je voudrais associer ceux décédés, qui ont permis la continuation du souvenir par leurs actions: Jeannette, MA Jeannette qui a créé notre association et qui, avec force et volonté la faire vivre, Marthoune toujours écorchée , dans un silence de la souffrance, Victor souriant, protecteur, ayant choisi d'être « enfant Abadi » Dany enfermé dans son refus de se souvenir, Adly…pour n'évoquer que les plus proches disparus. Mais peu à peu, nous les enfants cachés, disparaissons laissant à chacun ce lourd fardeau de la transmission : j'ai confiance car vous êtes là, branches multiples et différentes de cet arbre de Vie.
Nous avons ensuite écouté l'émouvante interprétation de El Malei Rachamim par Shai Abramson & le choeur rabbinique IDF
Après avoir posé nos pierres sur la dalle froide de la sépulture, nous avons laissé Odette et Moussa à leur repos pour prolonger ce moment d'échange. Nous nous somme retrouvés dans un café de la place Denfert-Rochereau pour partager un verre et échanger nos souvenirs, nos projets, nos lectures, nos vies, …
A l'année prochaine (avec votre invité.e)